Jean-Noël Dumont, ancien professeur de philosophie a manifesté en 1984 pour l'école libre et participera dimanche à la "Manif pour tous". Selon lui, c'est la défense de la famille qui est en jeu, face à une "agression" du gouvernement.
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La manifestation de dimanche contre le projet de loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe devrait rassembler 300 000 personnes selon la préfecture de police de Paris.
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Trouvez-vous que le parallèle entre la mobilisation de dimanche contre le mariage pour tous et les grandes manifestations de 1984 pour l'école libre soit valable?
Oui, il l'est. Dans les deux cas, l'on se trouve dans une situation d'agression idéologique du gouvernement, agression d'une telle force qu'elle nous a laissés muets, pantois dans un premier temps. Nous ne savons pas que répondre à l'idée d'un mariage entre personnes du même sexe. C'est une manipulation des mots, et par là une manipulation des consciences, qui provoquent une réaction de la société civile, de cette partie de la population qui n'a pas l'habitude de descendre dans la rue.Pourquoi avez-vous pris part aux manifestations de 1984 pour l'école libre?
Comment expliquez vous cette réticence à manifester ?
Parce que les défenseurs de la famille ne sont pas habitués à penser qu'ils ont des ennemis. Une famille a rarement l'idée de défendre des droits et des intérêts. Il a fallu une agression pour susciter cette réaction, et amener les gens à descendre dans la rue. Là nous sommes dans un combat qui ne touche pas aux intérêts, ou aux aspirations politiques, un combat idéologique.
En quoi la famille est-elle menacée selon vous?
Cette loi va permettre aux personnes de même sexe de se marier. Le statut même du mariage s'en trouve changé, et avec lui la désignation du couple, de l'homme et de la femme, du il et du elle, du papa et de la maman. C'est un changement de civilisation. Le socialisme n'a rien à voir là dedans. C'est une offensive idéologique, une volonté de modifier complètement le rapport au monde, le rapport aux autres.
S'agit-il d'un mouvement homophobe?
Ce qui est en jeu ce n'est pas la question de l'homosexualité, c'est la question du mariage. Tout lien social risque désormais d'etre assimilé à un contrat. On va modifier la perception du mariage. Or, ce n'est pas un contrat, c'est une institution.
Le retrait de l'amendement sur la PMA du projet de loi socialiste est-elle de nature à calmer la colère des manifestants?
Pour moi, cela ne change rien. Dans la campagne qui est faite, l'enfant est placé au centre des débats, pour des raisons émotionnelles. Or ce qui est en jeu, encore une fois, c'est le mariage.
Qu'attendez-vous de cette manifestation?
J'attends que le gouvernement recule, retire son projet de loi, et que l'on puisse participer au débat. Il est vraiment choquant qu'une mesure d'une telle importance puisse être adoptée sans débat. On n'a jamais touché en France à un enjeu anthrologique aussi radical.
Les propos du ministre Vincent Peillon, qui a rappelé à l'ordre l'enseignement catholique pour inciter ses écoles à des débats sur le mariage gay, ont-ils contribué à amplifier le mouvement?
Les propos du ministre ont surtout mis en évidence le caractère idéologique et anticatholique de sa démarche et convaincu les plus hésitants à aller manifester.
Pourtant les Apel (parents d'élèves de l'enseignement libre), qui avaient organisé la manifestation de 84, n'appellent pas à manifester dimanche....
Les manifestants de dimanche ne veulent pas d'affichage institutionnel (de l'Eglise, des Apel) pour bien souligner que l'intérêt de tous est en jeu. En 1984, certains voulaient que les évêques défilent en tête de cortège... On voudrait que l'Eglise soit une secte, qu'elle défende des intérêts corporatistes, or elle est universelle. Pour les croyants le mariage n'est pas un rite seulement bon pour eux, mais il est bon pour tous. C'est pour cela que la défense de leurs intérêts ne peut être considérée comme du corporatisme.