11 janv. 2013
Le Figaro
IVA IVAN RIOUFOL ir irioufol@lefigaro.fr
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Résumé du chapitre précédent : le gouvernement a clos 2012 avec la censure, par le Conseil constitutionnel, de l’imposition des riches à 75 % symbole de son socialisme. Il ouvre 2013 avec une manifestation monstre, dimanche à Paris, de la France oubliée, bien décidée à se faire entendre. Non content d’être fautif d’un bricolage fiscal qui fait fuir plus d’un Depardieu, le pouvoir, censé incarner l’apaisement, suscite une spectaculaire résistance de la société civile. Après sept mois, François Hollande connaît une impopularité inégalée par ses prédécesseurs (35 % des sondés lui font confiance). Or, pour l’Élysée et ses toutous, tout va bien. Angela Merkel a annoncé une année difficile ; le président a parlé de « confiance en l’avenir » . Le 1er janvier, Libération a titré : « Ça va bien se passer. » Cette politique du déni a de quoi affoler.
Le chômage grimpe, l’industrie s’effondre, la dette s’envole, l’insécurité s’aggrave, les meilleurs s’exilent. Pourtant, l’État reste à côté de la plaque : il maintient les 35 heures, recule devant les baisses de dépenses publiques, alourdit les impôts, ignore le mal-vivre, accueille toujours plus de pauvres, laisse filer les riches. Il se flatte de maintenir une politique de gauche, sans voir qu’elle accélère le déclassement du pays, devenu le maillon faible de la zone euro. Nulle part, les enjeux ne sont posés. Au point que le gouvernement ne trouve rien de plus urgent que de promouvoir le mariage homosexuel, le droit de vote des étrangers aux élections locales, l’euthanasie. L’agitation entretenue sur ces sujets sociétaux dissimule mal les faillites sociales.
Face aux crises, les socialistes ont les bras ballants ; et cela se voit. Ils ont déjà réussi à déposséder la gauche de son lien avec le peuple, mais aussi de son savoirfaire dans la mobilisation de la rue et de la blogosphère. C’est la France silencieuse qui se retrouvera dimanche grâce aux réseaux sociaux et à l’opiniâtreté inspirée d’une humoriste catholique, Frigide Barjot, chef de file contre le mariage homosexuel. Elle explique : « Ma foi me porte (…) J’ai plus de 2000 ans de suite dans les idées. » Mais la démonstration de force pourrait la dépasser pour devenir l’expression d’un rejet d’une politique coupée des gens et des réalités. D’autant que les promoteurs du mariage gay manient le sectarisme et le procès d’intention comme autant d’insultes à la liberté d’expression.
Vincent Peillon accumule les outrances en accusant sans preuve l’enseignement catholique d’organiser des « débats prosélytes » et homophobes contre le mariage gay. Il justifie en revanche la présence de Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, dans une classe de 4e d’un collège du Loiret pour y faire la promotion du projet gouvernemental, à l’invitation du Groupe action gay et lesbien. Le ministre de l’Éducation, soutenu par Hollande, a été jusqu’à suspecter les établissements privés sous contrat de prendre le risque de pousser au suicide des jeunes qui se découvrent homosexuels : des procédés sans vergogne visant à interdire tout débat, y compris dans le cadre du « caractère propre » pourtant reconnu par la loi Debré de 1959 à l’école libre. Ceux qui accusaient Nicolas Sarkozy de « cliver » la société le surpassent de très loin. Bouleversement de la filiation humaine
Les arguments des avocats du « mariage pour tous »- l’amour et l’égalité, qui ouvriraient la voie aux unions fantaisistes - sont indigents. Ils ne sont pas à la hauteur de la complexité des problèmes posés par le bouleversement de la filiation humaine qu’entraîneraient l’adoption, la procréation médicalement assistée, la gestation pour autrui. Ces fictions, ces manipulations génétiques, ces commercialisations de ventres de mères porteuses sont réclamées par le lobby gay, avec l’appui de la franc-maçonnerie revenue en force dans les rangs du pouvoir, à en croire Le Nouvel Observateur. Or ces « humanistes » qui réclament le « droit à l’enfant » n’ont cure des « droits de l’enfant ». Comment s’épanouira celui qui aura été privé d’une mise au monde sexuée et d’une filiation, c’est-à-dire de racines, d’histoire, d’équilibre ? Bien des pédopsychiatres réclament le principe de précaution. Mais l’intérêt du bébé à avoir un père et une mère ne pèse rien devant les sophistes de la table rase.
Quand Hollande déclare, mardi, ne pas vouloir « céder à la rue » , il balaye les objections de fond que portent les indignés, attachés à la conservation du « patrimoine de l’humanité » qu’est la famille. Les questions que soulève cette insurrection civique, qui n’a pas eu besoin des partis politiques pour prendre forme et s’imposer, ne peuvent être décrétées résolues au prétexte que le mariage gay a fait partie des propositions avalisées par l’élection présidentielle. Le refus du chef de l’État d’engager un débat de fond et sa précipitation à vouloir passer en force montrent une démocratie confisquée, au profit d’une minorité sexuelle dont une partie ne se reconnaît d’ailleurs pas dans le désir petit-bourgeois de « faire famille ».
Ce qui s’annonce dimanche est le réveil d’une France
attachée à sa culture millénaire
et qui refuse de solder son destin au nom d’un «
progrès » régressif.
Mais le réveil est aussi celui des religions et, singulièrement, de la France catholique. Les attaques du gouvernement contre l’Église, portées notamment par Cécile Duflot l’accusant d‘indifférence face aux démunis et par Vincent Peillon dans sa tentative de mise au pas de l’écolelibre, ont raidi une opinion pratiquante ou simplement attachée à ses racines chrétiennes. À la tiédeur ecclésiastique succède une parole plus musclée, qui se fait mieux entendre. Mgr Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques, dénonce « une doctrine officielle et une police de la pensée », tandis que Mgr Aillet, l’évêque de Bayonne, s’en prend aux « Fouquier-Tinville aux petits pieds ». Cette pugnacité, ajoutée à la qualité des réflexions proposées par les religieux (l’analyse du grand rabbin Bernheim a été citée en exemple par le Pape) augurent-elles d’un renouveau du catholicisme ? « L’Église représente la mémoire de l’humain face à une civilisation de l’oubli », explique Benoît XVI. Des mots qui portent. blog.lefigaro.fr/rioufol