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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 08:35

 

25 janv. 2013

Le Figaro

Mariage homosexuel : l’adresse d’Henri Guaino à François Hollande

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Le député, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, publie un libelle d’une cinquantaine de pages contre le projet de «mariage pour tous». Nous publions en exclusivité les principaux extraits de ce livre, à paraître samedi chez les marchands de journaux.

Pensez à tous ces enfants qui, cherchant d’où ils viennent, ne trouveraient que des éprouvettes, des banques de sperme, des ventres loués, des manipulations génétiques, peut-être, un jour, des utérus artificiels…
Soyez démocrate, soyez républicain, soumettez votre projet à un référendum. Vous ferez campagne pour le oui. Je ferai campagne pour le non. Le peuple tranchera

Étant moi-même né de père inconnu, j’ai été élevé par deux femmes : ma mère et ma grand-mère.

Ces deux femmes qui n’ont jamais rien demandé à personne m’ont donné tout ce qu’elles pouvaient me donner avec cet amour infini qui fait une enfance heureuse et je ne laisserai personne dire que nous ne formions pas, elles et moi, une famille. Je suis certain que l’enfant d’un couple divorcé dont l’un des parents décide de vivre avec une personne de même sexe peut trouver dans ce nouveau foyer une famille aimante. Je suis certain qu’un couple homosexuel uni peut offrir à un enfant un plus grand bonheur que bien des couples hétérosexuels déchirés par la violence ou ravagés par l’alcoolisme.

Mais le sujet n’est pas davantage celui de l’amour que peuvent éprouver l’un pour l’autre deux hommes ou deux femmes que celui qu’ils peuvent donner à un enfant. Le sujet, c’est le rôle, la nature, l’avenir d’une institution qui est au fondement de la société.

Une institution n’a pas pour but de répondre à tous les cas particuliers, d’épouser toutes les situations de fait. Voyez-vous, quel que soit le bonheur que j’ai pu éprouver, enfant, entre ma mère et ma grand-mère, je n’ai jamais songé pour autant qu’une mère abandonnée et une grand-mère aimante puissent constituer un modèle de famille qui devrait être institutionnalisé. Et les situations de fait que connaît aujourd’hui notre société, les changements profonds qui ont fait perdre au mariage une bonne partie de son rôle normatif, ne constituent en rien un argument pour légitimer votre projet. La famille ne se confond plus avec le mariage. Mais cela ne change rien aux conséquences de votre réforme sur la société et au fait qu’en ouvrant le mariage aux couples de même sexe vous mettriez le couple homosexuel exactement dans la même situation juridique et sociale vis-à-vis de l’enfant que le couple hétérosexuel.

P ourquoi

ne dites-vous pas la vérité ? Pourquoi ne l’assumez-vous pas ? Votre loi n’a qu’un seul, un unique but : donner le droit aux couples homosexuels d’avoir des enfants dans les mêmes conditions que les couples hétérosexuels. Que vous le vouliez ou non, que vous l’assumiez ou non, le mariage pour tous instaure le « droit à l’enfant » pour tous. Ce qui pose d’abord un problème moral, car un enfant n’est pas un objet de désir et de plaisir, ce n’est ni une chose ni un avantage auquel on aurait droit : l’enfant est une personne. Une personne fragile et vulnérable vis-à-vis de laquelle nous n’avons que des devoirs.

(…)

Insécurités juridiques, incertitudes dans la filiation, le cadre nouveau que vous proposez pour les enfants élevés par des couples homosexuels risque d’aggraver la précarité de leur situation au lieu de la réduire.

Le Défenseur des droits a recensé plus d’une centaine d’articles à modifier dans douze codes différents pour remplacer les mots « père » et

« mère » par le mot « parent ». Un parent, deux parents, parent 1, parent 2, au lieu de père et de mère. Ce n’est pas anecdotique.

Ce serait la conséquence inévitable de votre réforme ; que vous l’assumiez ou non, les mots « père » et « mère » disparaîtraient et l’idée qu’ils expriment disparaîtrait avec eux. Car comment voulez-vous qu’en droit les uns puissent avoir un père et une mère et pas les autres ? Il ne peut pas y avoir deux catégories d’enfants, pas plus qu’il ne peut y avoir deux catégories de mariages avec des droits différents. Quelle que soit la configuration de la famille, son cadre juridique, qu’il y ait mariage ou non, en droit, les notions de père et de mère finiront par disparaître pour tous au nom du principe d’égalité dont vous vous prévalez. Prétendre le contraire, c’est mentir.

Et

songez à ce qui se passerait à l’école. Comment certains élèves pourraient-ils avoir un père et une mère et pas les autres ? Je veux dire que les autres ne pourraient même pas se représenter comme venant d’un père et d’une mère. Je me souviens de mon angoisse à chaque rentrée devant la feuille à remplir : « nom et prénom du père, profession… ».Imaginez-vous, Monsieur le Président, l’embarras de l’instituteur parlant du père et de la mère à des enfants pour lesquels ces mots ne pourront absolument rien représenter quand, pour les autres, ils auront une signification évidente ? Imaginez les leçons d’histoire, de français, pire encore, de ce qu’on appelait autrefois les sciences naturelles. Songez à la perplexité de l’enfant d’un couple de même sexe qui aurait à apprendre les vers de Victor Hugo :

« Alors dans Besançon, vieille ville espagnole

Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole

Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois

Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix. »

(…)

Avez-vous lu Freud, avez-vous lu Jung, Monsieur le Président ? Vous devriez.

La psychanalyse n’a pas toujours raison. Mais quand même, sur le rôle de la différence des sexes dans la construction de la personnalité, elle fait réfléchir. Une question me taraude depuis longtemps : que deviendraient OEdipe et l’assumiez ou non, en ouvrant le mariage aux couples de même sexe, vous donneriez, de facto, un droit à l’enfant à des couples par définition stériles qui, dès lors, seraient fondés à chercher à avoir des enfants par tous les moyens. Vous le savez aussi bien que moi, l’adoption ne pourrait pas satisfaire ce besoin que le mariage rendrait légitime. Déjà l’offre ne peut pas répondre, et de loin, à la demande. Il y a trop de candidats à l’adoption et pas assez d’enfants. Il y aurait davantage de demandes et sans doute encore moins d’offres puisque certains pays n’autoriseraient plus l’adoption pour les ressortissants d’un pays où le mariage homosexuel serait instauré.

logique implacable de votre projet, c’est la dissociation totale de la parenté biologique et de la parenté sociale. Et l’effacement, à terme, de la première par la seconde. Ce serait la porte ouverte à toutes les manipulations biologiques et génétiques. Vous aurez beau les interdire, vous n’y pourrez rien dès lors qu’elles seront accessibles à l’étranger. Sans parler du détournement possible à grande échelle de l’accouchement sous X. De toutes les façons, toutes les digues sauteront les unes après les autres. Logiquement, une partie de votre majorité réclame la procréation médicale assistée (PMA) jusqu’ici strictement encadrée comme une réponse à la stérilité et au risque de maladie transmissible grave pour les couples hétérosexuels. Mais, comme tous les couples homosexuels sont stériles, comment leur refuser ce droit dès lors qu’ils seraient mariés ? Votre gouvernement n’a-t-il pas déjà annoncé que, même si elle n’était pas abordée dans le projet de loi sur le mariage pour tous, la PMA le serait dès le mois de mars dans un projet de loi sur la famille? La cause est donc entendue. Il en sera inévitablement de même de la procréation pour autrui. Car on ne peut pas donner le droit d’avoir des enfants à un couple d’hommes et lui interdire d’y recourir puisque cela reviendrait ni plus ni moins à lui interdire d’avoir des enfants. Déjà, des intellectuels la réclament en pointant cette contradiction, évidemment insoutenable dans la duÉlectre dans le monde que vous nous préparez ?

Pensez à tous ces enfants qui n’auraient plus le droit d’avoir un père et une mère, voulant remonter à leur origine biologique et ne rencontrant jamais l’image de l’étreinte amoureuse par laquelle un homme et une femme donnent la vie.

Pensez à tous ces enfants qui, cherchant d’où ils viennent, ne trouveraient que des éprouvettes, des banques de sperme, des ventres loués, des manipulations génétiques, peut-être, un jour, des utérus artificiels… Car il faut imaginer l’énorme pression, l’énorme incitation qui se manifesteraient pour l’utilisation de toutes les techniques de procréation, licites ou non, auxquelles la science permettra d’avoir accès, si votre réforme devait aboutir.

Que vous le vouliez ou non, que vous

 Nous aurions donc aussi, grâce à vous, si votre projet était adopté, les mères porteuses, la procréation pour autrui.

P ensez,

oui, pensez à ces enfants qui, en droit, n’auraient plus un père et une mère, mais qui en réalité, dans l’ancienne terminologie, en utilisant les anciens mots d’avant votre réforme, auraient – le compte est facile à faire – une mère et deux pères, deux mères et un père, deux mères et deux pères, trois mères et un père et même trois mères et deux pères quand le père biologique et le père juridique ne seraient pas le même, et quand on aurait recours à la procréation pour autrui. Comment les droits de leurs parents biologiques s’articuleraient-ils avec ceux de leurs parents « sociaux » ? Pensez à ces enfants qui pourraient avoir des dizaines, des centaines peut-être, de frères et de soeurs, qu’ils ne connaîtraient pas et qui pourraient s’épouser entre eux sans le savoir.

Avec le mariage pour tous, vous feriez tomber inévitablement la présomption de paternité qui ne veut rien dire pour des couples de même sexe. Mais dans quel rapport sera l’enfant qui aura fait une recherche en paternité avec celui qui se sera contenté de vendre sa semence à une banque du sperme ?

(...)

Monsieur

le Président, soyez démocrate, soyez républicain, soyez respectueux de toutes les consciences, soyez responsable ! N’ayez pas peur du peuple, n’ayez pas peur de lui donner la parole. L’article 11 de la Constitution vous le permet puisque le président de la République peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur des réformes relatives à la politique sociale. Quelques professeurs en droit constitutionnel vous diront peut-être – je les entends déjà – que « le mariage

n’est pas dans le champ du social » . Sans doute n’ont-ils pas consulté le Petit Larousse : « Social : qui concerne les relations entre les membres de la socié

té » … Cette polémique me rappelle le procès que l’on fit au général de Gaulle en 1962, lorsqu’il voulut consulter les Français à propos de l’élection du président au suffrage universel. On l’accusa de « forfaiture » . Que voulez-vous, c’est la vieille histoire que racontent à toutes les époques ceux qui pensent que plus un sujet est important, moins il faut que le peuple s’en mêle. À vous de choisir si vous les rejoignez ou non.

Qu’en penserait le Conseil constitutionnel ? Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est qu’en français les mots ont un sens et qu’en l’occurrence ce n’est pas au Conseil constitutionnel de décider de la signification des mots mais au dictionnaire. Le Conseil constitutionnel n’a son mot à dire qu’après le vote de la loi, et il ne peut censurer une loi adoptée directement par le peuple.

Vous

voilà donc seul face à votre devoir. Vous ne pouvez pas tricher. Vous ne pouvez vous défausser ni sur les professeurs de droit qui prennent des libertés avec le dictionnaire ni sur les juges. Monsieur le Président, prenez vos responsabilités, ne donnez pas le dernier mot aux juges, donnez-le au peuple. Vous craignez que le débat dérape ? Mais c’est vous qui avez ouvert la boîte de Pandore et le débat dérapera bien davantage si des millions de Français sont condamnés à subir, contre leurs convictions philosophiques ou religieuses, intellectuelles ou morales, une décision dont les conséquences peuvent se révéler aussi lourdes, aussi graves pour notre société et à l’écart de laquelle ils seraient tenus. Si vous voulez réduire les fractures douloureuses que vous avez contribué à ouvrir, donnez à ces millions de Français la possibilité de participer à l’écriture d’une histoire qui est la leur.

Soyez démocrate, soyez républicain, soumettez votre projet à un référendum. Vous ferez campagne pour le oui. Je ferai campagne pour le non. Le peuple tranchera. Et le soir du scrutin, après avoir répondu à la question de savoir dans quelle civilisation nous voulons vivre, la Nation réconciliée se tournera de nouveau vers l’avenir. Elle rassemblera ses forces pour faire face à la crise, au chômage, à la misère, à l’injustice, dont votre projet n’aura que trop longtemps détourné son attention. Peut-être parce que, vous sentant impuissant à y répondre, vous préfériez que l’on parlât d’autre chose.

 

Dans l’attente, comme des millions de Français, de votre réponse, recevez, Monsieur le Président de la République, l’assurance de la très haute considération que je porte à votre fonction.

 

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J'ai plus envie de me croire à Kaboul dans ma ville,

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