Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 19:03

 

8 janv. 2013

Le Figaro

YVES DE KERDREL ydekerdrel ydekerdrel@lefigaro.fr

 

Les chanceux sont ceux qui arrivent à tout. Alors que les malchanceux sont ceux à qui tout arrive. Jean-Marc Ayrault fait partie de cette seconde catégorie. L’homme n’est pas antipathique. Il est apprécié de ses élus nantais. Il inaugure bien les piscines municipales et donne de l’ambiance aux buffets des amicales laïques. Mais il n’a rien d’un premier ministre. Chacun a pu s’en apercevoir dès la fin du mois de juin dernier, à l’occasion de son discours de politique générale. Au lieu d’une allocution dressant les grandes lignes du quinquennat, les parlementaires se sont assoupis au bout de cinq minutes, à la lecture d’une litanie de mesures sans relief, et sans rapport avec la tâche qui revient à un chef du gouvernement.

Depuis, l’affaire des « pigeons », celle du projet d’aéroport de Notre Dame-des-Landes, et surtout la pitoyable cacophonie autour de Florange, ont montré que ce premier ministre n’est ni un chef de gouvernement ni même le premier des ministres, tout juste une sorte de sous chef de cabinet, aux ordres de n’importe quel conseiller élyséen. À côté du « capitaine de pédalo » qu’est François Hollande, Jean-Marc Ayrault fait figure de petit matelot incapable de « recadrer » un ministre de l’Éducation nationale vantant les mérites du cannabis ou une ministre du Logement attaquant bêtement l’Église. Tout cela explique que le locataire de Matignon a voulu débuter l’année en essayant de se refaire une virginité à travers une ennuyeuse tribune, publiée par le journal Le Monde, et titrée « Pour un nouveau modèle français » .

À la première lecture, le texte est franchement incompréhensible. Impossible de voir où le premier ministre veut aller ou ce qu’il cherche à expliquer. À la deuxième lecture, on commence à percevoir l’ambition d’un homme qui voudrait que tout change sans que rien ne bouge. Et à la troisième lecture, il apparaît enfin clairement que ce modèle français que défend Jean-Marc Ayrault est tout simplement ce fameux modèle social-que-le-monde-entier-nous envie et qui a été conçu par le Conseil national de la Résistance il y a désormais près de soixante-dix ans, alors que le monde sortait d’un conflit historique, que l’ambition était de reconstruire et de ressouder un pays coupé en deux par la collaboration. Bref l’avenir, pour Jean-Marc Ayrault, ce sont les idées de Georges Bidault, de Joseph Laniel ou d’André Le Troquer. Pas de quoi faire rêver notre jeunesse qui se demande si elle doit attendre un reflux du chômage ou bien aller chercher un job dans ces pays émergents où le travail compte plus que la protection et où la liberté compte plus que l’égalité.

Car ce qui ressort du modèle français, tel que le conçoit Jean-Marc Ayrault, c’est un pilier et un seul : « la promesse républicaine de l’égalité ». Égalité à l’école. Égalité entre hommes et femmes. Égalité dans l’accès aux soins. Égalité des territoires. Égalité face aux institutions. Triste programme qui nie toute liberté d’entreprendre, toute liberté de risquer, d’imaginer, d’apprendre. En faisant de l’égalité la pierre angulaire de son « modèle pour la France » Jean-Marc Ayrault montre bien qu’en l’espace de six mois il n’a toujours pas progressé dans la compréhension du monde d’aujourd’hui. Alors qu’il y a plus d’un siècle et demi Alexis de Tocqueville nous prévenait déjà clairement : « Les Français veulent l’égalité, et quand ils ne la trouvent pas dans la liberté, ils la souhaitent dans l’esclavage. »

Après avoir fait un long plaidoyer en faveur de cette égalité qui est totalement incompatible avec la notion de liberté, Jean-Marc Ayrault conclut cette tribune insipide et ennuyeuse par un paragraphe qui débute ainsi : « la France doit être plus accueillante à la prise de risque, à l’innovation économique, à la création d’entreprises comme à la création artistique ». Joli voeu pieux au moment où la nouvelle majorité ne pense qu’à mettre en place une fiscalité spoliatrice qui dégoûte, de fait, tous ceux, qui ont envie d’investir dans de jeunes entreprises, tous ceux qui sont prêts à démarrer une activité et tous ceux qui sont habités par l’audace créatrice.

 

 

 

Qui veut vraiment de ce nouveau modèle français où l’État est omniprésent, alors que ses caisses sont vides ?


Qui veut vraiment d’une France où les ministres passent leurs jours à chercher des solutions pour des entreprises

condamnées par la révolution technologique ?


Qui veut vraiment d’un pays où chacun se voit expliquer que l’État est là pour répondre au moindre problème ?


Qui veut de ce nouveau modèle social où l’individu compte moins que la collectivité ?

 

Paraphrasant Musset, Jean-Marc Ayrault pourrait finalement dire : « je suis venu trop tard dans un monde trop jeune. »

 

Partager cet article
Repost0
Published by voxpop - dans La France en résistance

Bienvenue

  • : Le blog de voxpop
  • : Immigration en France : Etat des lieux, réflexion et charte de vote. La France en résistance
  • Contact

CHOISIR 

LA  FRANCE

 

RESISTANCE !

Capture-d-ecran--316-.png 

J'ai plus envie de me croire à Kaboul dans ma ville,

J'ai plus envie de l'incivisme, plus envie de la médiocrité comme religion, plus envie du manque d'ambition comme profession de foi.

J'ai plus envie de relativiser. >>>>