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7 août 2013 3 07 /08 /août /2013 23:09

La chronique de Natacha Polony

Le Figaro

Une association d'automobilistes a pris d'assaut, ce jeudi,  la gare de péage  de Saint-Arnoult- en-Yvelines et bloqué entièrement la circulation pendant plusieurs heures, détruit des équipements et lancé des explosifs. Pourquoi? Parce qu'un conducteur avait été contrôlé par la police  pour excès de vitesse et avait mal pris  de se voir verbaliser. L'association parle aux micros de harcèlement, explique que le contrôle a été violent, que les policiers se sont comportés comme des cow-boys et qu'elle évacuera le péage quand les renforts venus pour ramener le calme  seront retirés car ils constituent  une provocation.

Cette histoire, bien sûr,  est une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels ne serait pourtant pas fortuite. Parce qu'il n'y a aucune raison que ce qui nous ferait bondir  de la part d'un groupe de citoyens,  en l'occurrence des automobilistes, puisse être jugé acceptable, ou même simplement compréhensible,  quand il s'agit d'une autre catégorie  de citoyens. Mais les événements  de Trappes ont prouvé que, pour certains, cette perception à géométrie variable n'est nullement dérangeante.

Car le scénario décrit est rigoureusement celui qu'on a vu s'afficher dans les médias. Tout d'abord, un individu, une femme convertie à l'islam, enfreint la loi  en toute connaissance de cause.  Elle et son mari peuvent ensuite prétendre avoir été maltraités  par les policiers: aucune preuve  ne vient étayer leurs dires. Mais  c'est pourtant la thèse qui sera reprise en boucle par certains habitants  du quartier et de gentilles associations toujours promptes à défendre les droits des individus qui refusent la règle commune.

Pire, on entend au micro des journalistes des jeunes gens expliquer, sous couvert d'anonymat, que s'«ils veulent le retour au calme», «ils n'ont qu'à retirer les CRS qu'ils ont positionnés depuis quelques jours». Et là, on est comme pris de vertige. Les CRS  ne sont là que parce que des voyous brûlent des voitures et ont attaqué  un commissariat. Mais dans l'idée  de ces citoyens modèles, ils n'ont pas  à venir rétablir l'ordre et rappeler la loi républicaine. Ils ne sont pas chez eux.

La logique est claire, assumée: on est dans une lutte pour le territoire. Il est des lieux, en République française, où la loi n'a pas à s'appliquer, où la police n'a pas à pénétrer, parce qu'il lui sera répondu par la violence. L'attitude supposée insultante des forces  de l'ordre n'y est qu'un prétexte:  leur seule présence est en fait considérée comme une façon d'empiéter sur les prérogatives  des «propriétaires» des lieux.  Il est des territoires qui sont perdus pour la République.

De plus en plus, la libanisation  de la France et sa fracturation  en des espaces privatisés deviennent une sorte d'évidence, un principe  de raisonnement. On est dans  le donnant-donnant. Police et voyous sont sur un pied d'égalité. En même temps, la puissance publique est réclamée, rappelée à l'ordre, même, car considérée comme ne remplissant pas ses obligations. Ce qui est certes vrai. Mais ceux qui se sont approprié l'espace sont ceux-là mêmes  qui induisent aussi le processus  de dégradation des quartiers  en détériorant les halls d'immeuble,  en agressant les chauffeurs de bus  qui osent leur demander de montrer leur titre de transport ou bien  en refusant l'application d'une loi  sur le voile intégral qui incarne  les valeurs de notre contrat social.

Il est d'ailleurs intéressant  de constater que l'idée selon laquelle, «après tout, les gens ont bien le droit  de s'habiller comme ils veulent» fut défendue cette semaine par la frange libertaire de la gauche et par un quotidien s'affirmant libéral comme L'Opinion. Libéraux et libertaires  se rejoignent une fois de plus  dans le refus d'une philosophie républicaine fondée sur le partage  d'un espace par une communauté nationale. Il n'y a que des individus, avec leurs droits en bandoulière.

Sur une radio nationale,  on pouvait entendre lundi ce délicieux commentaire d'une journaliste: «Retour au calme à Trappes: la police signale seulement deux ou trois tirs  de mortier…» Bienvenue  dans la République française.  Le ministre de l'Intérieur  peut bien rappeler à des habitants  qui l'interpellent que le respect  de la loi est inconditionnel,  tant que ce principe semblera à certains chaque jour moins évident, le pays  se fracturera.

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Published by voxpop - dans La France en résistance

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