- 22 févr. 2013
- Le Figaro
- IVAN RIOUFOL irioufol@lefigaro.fr
Faudrait-il, avec la gauche, passer sur tout engagement solennel non tenu ? En juillet 2012, Pierre Moscovici assurait, après François Hollande, ramener le déficit public de 4,5 % à 3 % fin 2013. Pour le ministre de l’Économie, l’impératif était « non négociable » , ne pas le respecter « serait un appel au meurtre ». L’emphase sonnait creux. De fait, huit mois plus tard, le gouvernement a admis ne pouvoir tenir son contrat. Son annonce avait été immédiatement jugée irréaliste, ici même notamment, au vu du flou sur la réduction des dépenses. Mais les indignés d’hier, qui dénonçaient la tchatche sarkozyste, sont devenus muets. Le hollandisme, qui se dit vertueux, manie le mensonge et l’esbroufe en professionnel. Il suffit d’écouter Arnaud Montebourg. Moscovici, oublieux de sa promesse d’été, a assuré, lundi : « La France est sur la bonne voie. » Elle va donc à la catastrophe.
La mansuétude d’une bonne partie des médias pour le chef de l’État camoufle l’absence de doctrine de l’exécutif. La France est dirigée au doigt mouillé par un pouvoir qui ouvre des sujets sociétaux (mercredi, c’était la justice) plutôt que d’affronter la crise économique dont il nie l’ampleur. Jean-Marc Ayrault refuse de parler de rigueur, tandis que le pays s’immobilise. En revanche, le premier ministre juge utile de faire répondre aux exigences d’un père qui, du haut d’une grue de sa ville (Nantes), conteste « les bonnes femmes du gouvernement » coupables de ne rien comprendre aux « papas » . En comparaison, le suicide par le feu d’un chômeur en fin de droit a été vite oublié par la presse « progressiste » . Il est vrai qu’il lui aurait fallu rappeler que le hollandisme produit 1 000 chômeurs par jour.
Le socialisme aveuglé conduit la France droit dans le mur. Le président a entamé son quinquennat en augmentant les dépenses (de 20 milliards d’euros) et les impôts. Mais l’endettement public et la paupérisation privée exigent l’inverse. D’autant que le matraquage fiscal rabaisse le pouvoir d’achat. Or la marche arrière est inconcevable pour des idéologues convertis à l’interventionnisme et à la traque aux riches. Cette obsession incite le gouvernement à envisager de fiscaliser, en plus, les allocations familiales et les retraites. Mais comment le hollandisme peut-il espérer « promouvoir la croissance » en assommant les ménages par une fiscalité inassouvie et en figeant le pays dans un archaïsme qui produit ce dont il souffre ? Le socialisme à l’agonie n’est pas la réponse. Qui l’avouera ?