Le Figaro
Des coups de feu ont retenti ce matin vers 7h15 à Paris à Porte de Chatillon, rapportent RTL, France Info et BFM.
On ignore si l'incident a un lien avec l'attentat commis contre Charlie Hebdo. Les circonstances sont encore floues.
France Info évoque une Clio grise accidentée. Lorsque la police municipale s'est rendue sur place, un homme a déboulé d'une rue perpendiculaire et aurait tiré. France Info évoque un bruit de kalachnikov. Une fonctionnaire de police aurait été touchée ainsi qu'un agent de la voierie. D'après BFMTV, le tireur aurait pris la fuite par le métro.
Le Point
Par Philippe Tesson
L'exhortation à l'unité et au rassemblement de la nation lancée mercredi par le président de la République au soir de la tuerie qui a ensanglanté Paris était tout à fait opportune. De même, les paroles de compassion et l'hommage rendu aux victimes qu'il a prononcés. De même encore, l'affirmation de sa volonté d'apporter une réponse qui soit "à la hauteur du crime". Mais quelle réponse ? Certes, on n'attendait pas que François Hollande, quelques heures seulement après l'attentat, développât devant le pays le contenu de la riposte de la France à cet acte de barbarie. Mais qu'il voie dans l'unité "notre meilleure arme", cela semble un peu court. Un peu courte également la promesse que les criminels seront "sévèrement punis". C'est le minimum ! Ce crime en effet n'est pas seulement liberticide. "Morts pour la liberté", dit-il. "Pour la liberté d'expression", avait-il même dit le matin. Non, pour bien davantage que la liberté. Morts pour notre survie et pour celle de toutes les valeurs qui ont fait notre culture, notre honneur et notre gloire.
Nous sommes en guerre. Nous sommes condamnés à la guerre. Nous ne l'avons pas cherchée. Nous y sommes contraints par un déferlement de sauvagerie que nos faiblesses passées, nos peurs, nos complexes, nos scrupules, notre laxisme, notre aveuglement, notre angélisme ont encouragé. À force de légèreté et sous le couvert d'humanisme, nous avons laissé nos ennemis nous infiltrer. À force d'égoïsme, nous avons abandonné à leur propre sort les peuples que nous avons accueillis, nous les avons isolés de notre communauté et les avons laissés se constituer chacun dans la sienne. À force d'arrogance, nous avons donné au monde des leçons de morale que nous n'avons pas nous-mêmes respectées. À force de nous entendre nous mettre en garde contre l'amalgame entre l'islam modéré et l'islam fanatique, nous avons dispensé le premier de dénoncer avec la force qu'il fallait la barbarie du second.
Ce sont ces errements que nous nous voyons aujourd'hui forcés d'abord de reconnaître, ensuite de payer et de réparer autant que possible. Cette triple tâche défie l'actuel président de la République et exige de sa part qu'il renonce au discours lénifiant qu'il tient au pays depuis son accession au pouvoir. Il ne va pas suffire qu'il envoie pour un résultat improbable, voire négatif, le Charles de Gaulle dans le golfe Persique. Il est condamné à une parole vraie devant le pays et à une action ferme contre l'ennemi.
L’Opinion
Cher Cabu,
Publié le mercredi 07 janvier à 17h52
Par Nicolas Beytout, Directeur de la rédaction
Nous ne nous connaissions pas très bien. Nous nous étions juste croisés quelques fois. Mais vous faisiez partie, comme Wolinski, Charb, Tignous et tous ceux qui ont été massacrés, de mes rendez-vous hebdomadaires avec l’humour, la dérision, la férocité, le mauvais esprit. En toute liberté.
Bien sûr, nous n’avions pas les mêmes idées, mais c’est aussi pour cela que je vous appréciais comme j’appréciais de débattre régulièrement avec Bernard Maris, l’économiste et journaliste qui est mort avec vous. Un autre regard, un autre angle, une autre façon de juger les faits, les actes, le monde, les hommes et les femmes qui s’y agitent. Une autre opinion, et la liberté de l’exprimer.
Ceux qui vous ont tué ont vraiment fait un sale travail. Si l’on en croit les témoignages sur cette attaque, ils vous ont sciemment visés, vous et vos copains les dessinateurs. Pour vous punir d’avoir tant de talent, de rire et de faire rire de tout. Avec une absolue liberté de ton.
Ceux qui ont commis cet attentat ont en tout cas déjà atteint une partie de leur objectif : installer une stratégie de la tension maximum. Exécuter des journalistes est évidemment un choix délibéré pour obtenir l’effet le plus dévastateur possible. C’est frapper les esprits par l’horreur. C’est aussi essayer de faire taire des voix, au prétexte qu’elles seraient dissonantes. C’est tuer la liberté de penser différemment.
Jamais acte terroriste n’avait détruit autant de vies, en France. Et jamais la société dans son ensemble ne s’était sentie aussi largement menacée. Dans notre pays comme un peu partout en Europe ces temps-ci, les signaux alarmants, de sinistre présage, se multiplient. Les manifs et contre-manifs enflent en Suède, en Allemagne, peuple contre peuple, religion contre civilisation. Les rendez-vous électoraux font naître des slogans d’exclusion, parfois de haine. Au nom d’une liberté dévoyée.
Parce qu’elles sont fondées sur la liberté, les démocraties sont fragiles. Elles sont soumises au déséquilibre fondamental entre le respect de leurs règles et l’absence de règles de ceux qui, pour les annihiler, leur infligent des agressions brutales, mortelles. Elles savent se protéger et souvent vaincre la menace conventionnelle ; elles savent faire la guerre si elles doivent riposter à ceux qui les visent ouvertement. Mais elles restent d’une fragilité immense face à l’attaque lâche de la terreur, celle qui cible des civils, des policiers, des victimes innocentes. Des combattants de l’absurde se sont engouffrés dans cette brèche, au nom d’une religion qui, croient-ils, hait la liberté de penser, un islam vengeur qui rêverait d’un monde soumis.
Face à ce désastre, les démocraties doivent faire bloc. La réaction unanime de toute la classe politique française et internationale est la preuve que ces attentats n’entameront pas la capacité du pays à résister à cette montée de l’intolérance et ne le feront pas basculer dans un processus de haine.
Cher Cabu, cher Bernard, et vous tous qui avez été exécutés, nous savons bien que, au-delà de vos personnes, de vos talents, c’est l’ensemble du monde des médias que ces fous ont visé. Cet assassinat n’empêchera aucun d’entre nous de poursuivre notre travail, au nom de la liberté de la presse, fondement des démocraties.
A vous et à tous ceux qui, à cause de cet acte barbare, vont rater le bouclage de Charlie Hebdo cette semaine, j’adresse avec l’ensemble des collaborateurs de l’Opinion nos pensées les plus tristes et le reproche aussi vif qu’amical de ne pas être arrivés du tout, pour une dernière fois, à nous faire rire.
Nicolas Beytout
Bd Voltaire
Robin de La Roche
Voyageur
J’ai regardé François Hollande présenter ses vœux aux Français. A ce sujet, faisons un petit aparté pour expliquer au lecteur de Boulevard Voltaire que tous les appels au boycott du genre « éteignez votre TV pendant que Flanby dégouline » sont ridicules : seuls les détenteurs d’un boîtier de mesure fourni par Médiamétrie sont mesurés. Vous pouvez éteindre tous vos récepteurs de TV ou même les jeter dans la Seine, ceci n’aura aucune incidence sur le résultat d’audience mesuré. Fin de l’aparté.
Le pauvre homme.
Jérôme Revon, réalisateur TV commis à la mise en image de l’effort présidentiel, a eu beau déployer force moyens, une petite grue, des mouvements de caméra, et même du multicaméra (une première pour les vœux présidentiels, me semble-t-il), rien n’y fait : François Hollande est aussi télégénique que mes chaussettes. Le contenu étant à l’avenant du contenant, nous avons eu droit à un déroulé de phrases justificatives commençant par « je » et « j’ai ». Puis des menaces à peine voilées à l’encontre des entrepreneurs (on apprécie !) sous le thème « pacte de responsabilité », sous-entendu « la responsabilité, prenez-la ! ». Je ne m’étendrai pas sur le chapitre « je fais de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme une grande cause nationale. »… je risquerais la vulgarité ; laissons-la lui. Pendant ce temps-là, la France est au chômage.
François Hollande, dans cet exercice télévisuel, ressemble à un mari que sa femme a quitté et qui tente un retour en gémissant « j’ai changé, j’ai changé ! ». Mais l’amour n’est plus là. C’est à peine si on le regarde, tellement ça fait pitié.
Cet homme est laid. Il est laid de son refus de partir. Il est laid de son absence de vision. Il est laid de sa petitesse. Il est laid de son peu d’amour pour la vraie France et les Français. Il est laid de ses compromissions. Il est laid de ses mensonges qui lui sont principes de vie. Il est laid et nous le subissons, petit crapaud qui regarde méchamment ces caméras placées plus haut que lui (merci Jérôme !) et qui le dominent.
Tout ceci pourrait être amusant. Mais il s’agit de la France. C’est donc tragique.
J’ai entendu dans ce discours ridicule beaucoup de ‘Nous devons », pas mal de « Il faut », mais aucun véritable VŒU pour LE PEUPLE.
Cet homme, à la tête du pays légal, n’aime vraiment pas le pays réel.
Dans une interview accordée au quotidien espagnol El Mundo, le premier ministre Manuel Valls a annoncé au moins trois années de « sacrifices » aux français.
Une étonnante interview
De manière surprenante, plutôt que de se confier à un média français, le premier ministre français s'est livré à une interview dans un journal espagnol, pour parler de la situation de la France, du chômage et de la politique nationale.
Le quotidien espagnol l’a nommé « homme de l’année ». Pas sûr qu’en France, un journal ne s’aventure à en faire de même.
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Quelle IMPUDENCE ! Se rendre en Espagne, se confier aux Espagnols dans sa langue natale l'espagnol, sur le devenir de la France et des Français. Cet irrespect est impardonnable.
Voxpop
Bd Voltaire
Gabrielle Cluzel
On connaissait La Pastorale des santons de Provence, écrite par Yvan Audouard. On connaît maintenant la pastorale des santons de l’Hérault, écrite par Robert Ménard.
On pourrait en faire un conte de Noël, à lire le soir en famille. C’est l’histoire d’une petite crèche de rien, toute modeste, qui avait élu domicile dans le hall de la mairie de Béziers, et que certains – en l’occurrence de la Ligue des droits de l’homme – s’étaient mis en tête d’expulser. Allez ouste, Joseph, Marie, le petit Jésus, vous prenez vos vieilles nippes, votre ménagerie qui braie et souffle fort, et vous dégagez de là. Sauf que voilà, les Biterrois sont arrivés. Déterminés. Droits comme des santons Carbonel. Et aussi nombreux. Aussi divers. De tous horizons. Un nombre invraisemblable. Pressés de signer le livre d’or, sentant bien qu’il y avait là un enjeu, un enjeu symbolique fort, dépassant Béziers et même l’Hérault. Un enjeu qui ne concernait pas que les catholiques. Un enjeu français, tout simplement. Hé, Vendée, le conseil général avait dû courber l’échine et remballer son installation. Eh bien, ici, elle resterait. Touchez pas à notre crèche.
Et vendredi après-midi, la décision du tribunal administratif de Montpellier est tombée : la Ligue des droits de l’homme a été déboutée (pour la 4e fois depuis les dernières élections municipales). Et ce n’est pas une demi-victoire pour Robert Ménard, car le jugement est très clair : « La crèche dans le hall de la mairie n’est pas de nature à porter atteinte au principe de laïcité et de neutralité. »
On peut conjecturer à l’infini. Se dire que la détermination a payé : la foule grandissant, les réseaux sociaux s’en mêlant, Robert Ménard n’étant jamais à court d’idée, qu’allait-il donc se passer si le tribunal s’amusait à les prendre tous de front ? Un juge sensé a pu se poser la question. Et se demander aussi dans quel bobinard il était en train de mettre le doigt, – « La crèche, non. Le sapin, oui. Et la guirlande lumineuse, on dit quoi, pour la guirlande lumineuse ? » –, laïciser Noël étant aussi voué à l’échec que rendre le jambon halal. On peut aussi se dire qu’en ce 19 décembre, un juge, autant que sensé, s’est montré courageux. C’est ça, aussi, la magie de Noël.
En attendant, un coup d’arrêt a été donné. Un pied brutalement mis en travers d’une porte se refermant depuis des années, inexorablement, un peu plus chaque jour, sans faire de bruit, sur notre civilisation. Sur ce qui l’a modelée, pétrie, ce qui rythme son calendrier, ses joies et ses fêtes familiales, ce qui a construit sa géographie comme son histoire. Ce en quoi ont cru avec ferveur tant de générations. Sur la France de toujours, en somme, que certains voudraient appeler la France d’hier.
Et maintenant que le pied est là, qui empêche de fermer le verrou, il faut continuer à pousser. Rouvrir doucement mais sûrement. Le vent a tourné et souffle dans les voiles. L’affaire de « la crèche de Béziers » en est un nouveau signe, emblématique. Les santons biterrois ont relevé la tête, et ils donnent l’exemple. Joyeux Noël !
CHOISIR
LA FRANCE
J'ai plus envie de me croire à Kaboul dans ma ville,
J'ai plus envie de l'incivisme, plus envie de la médiocrité comme religion, plus envie du manque d'ambition comme profession de foi.
J'ai plus envie de relativiser. >>>>