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13 février 2015 5 13 /02 /février /2015 22:42
Le Figaro

Judith Waintraub

MICHÈLE TRIBALAT est démographe. Son dernier livre, « Assimilation : la fin du modèle français », est paru aux éditions du Toucan.

LE FIGARO.- Manuel Valls veut lutter contre « ceux qui, à l’extérieur ou à l’intérieur de notre pays, cherchent à changer la face de l’islam ». Est-ce à la République de trancher les débats internes à une religion ?

Michèle TRIBALAT.- Manuel Valls cède à la tentation à laquelle peu d’hommes politiques résistent : faire croire qu’il connaît le vrai visage de l’islam. En France, l’islam serait donc victime d’intrigues extérieures et d’une cinquième colonne française visant à déformer le vrai islam, dont on nous répète, à chaque attentat, qu’il est une religion de paix et de tolérance. Il se pose donc en défenseur d’un islam authentique qui ne saurait en aucun cas inspirer de mauvaises actions, sauf à être intentionnellement déformé. Pourtant, ce n’est pas au premier ministre de faire l’exégèse de l’islam, mais aux musulmans de nous convaincre qu’ils sont capables de prendre la distance qu’il faut par rapport à leurs textes.

La distinction entre « islam en France » et « islam de France », que voudraient établir le premier ministre comme Nicolas Sarkozy, a-t-elle un sens et implique-t-elle de modifier la loi de 1905 ?

Nicolas Sarkozy prêche depuis longtemps pour un islam de France, ce qui ne l’a pas empêché de négocier avec les puissances étrangères lorsqu’il était en train de monter le CFCM (Conseil français du culte musulman, NDLR). À l’heure de la mondialisation et d’Internet, l’islam est ce que veulent bien en faire les croyants. Les jeunes, tout particulièrement, ne sont guère tentés par un islam « gallican ». Cet islam de France ne peut tenter que les apparatchiks qui y voient un moyen d’être admis dans les cercles du pouvoir. Face au radicalisme, les politiques ont cherché à exercer un certain contrôle du culte musulman, sous l’habillage d’un discours misérabiliste laissant croire que les musulmans seraient trop pauvres pour financer leurs lieux de culte. Pourquoi ne pas financer les lieux de culte des évangéliques, qui ne sont pas riches non plus et dont les membres sont de plus en plus nombreux ? Nicolas Sarkozy n’est pas le seul à proposer le financement des mosquées par les pouvoirs publics. C’était le cas aussi de Jean-Pierre Chevènement. C’est sans doute la contrepartie envisagée par Manuel Valls à l’interdiction des financements étrangers. Ces financements publics existent déjà, en contravention avec l’interdiction édictée par la loi de 1905, auprès d’associations dites cultuelles qui sont en loi 1901. La sagesse voudrait que l’on s’abstienne de toucher aux deux premiers articles de la loi 1905, socle de la laïcité à laquelle les Français sont très attachés, mais aussi de financer en douce des lieux de culte. La foi soulève des montages, dit-on. Laissons les musulmans construire petit à petit leurs lieux de culte, en fonction de leurs moyens propres.

L’UDMF (Union des démocrates musulmans de France) va présenter des candidats dans huit cantons lors des prochaines départementales. Est-ce le début d’un scénario à la Houellebecq, qui imagine dans « Soumission » l’arrivée démocratique au pouvoir d’un parti islamique en France ?

La stratégie de l’UDMF passe par l’implantation locale. Elle présente quelques candidats dans des cantons dans lesquels de fortes concentrations en populations de confession musulmane offrent quelques chances à ce parti de passer les 12,5 % des inscrits, seuil pour participer au second tour. Ou tout au moins un assez bon score pour gêner les autres candidats et les amener à négocier des places sur leurs propres listes. C’est ce qui s’est passé aux municipales de Bobigny en 2014 quand l’UDI a accueilli sur sa liste un membre de l’UDMF, chargé aujourd’hui du projet d’installation d’un musée de l’histoire de la colonisation française. C’est avec le renfort des électeurs musulmans que l’UDI a chassé les communistes de la mairie de Bobigny. L’UDMF a donc deux fers au feu : communautariser le vote musulman et peser sur les grands partis pour qu’ils intègrent leurs revendications ou/et leurs candidats. C’est un peu la Fraternité musulmane du roman de Houellebecq à ses débuts.

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Published by voxpop - dans La France en résistance

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J'ai plus envie de me croire à Kaboul dans ma ville,

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