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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 08:32

 

  • 25 mai 2012
  • Le Figaro
Christian Saint-Etienne
L’économiste, titulaire de la chaire d’économie industrielle au Conservatoire national des arts et métiers*, mesure le prix de
l’alourdissement annoncé de la fiscalité des entreprises.

Les entreprises françaises ne sont pas riches; mais exsangues ! (…) Les classes politique et médiatique sont aveuglées par les profits que le CAC 40 réalise hors de France !

La France aborde un moment clé de son histoire, alors que la zone euro est en grande difficulté. La Grèce peut enclencher le 17 juin, lors de ses élections législatives qui auront lieu le même jour que le second tour des législatives françaises, une crise d’une violence inouïe si une majorité ne se dégage pas en faveur des accords européens. Ces derniers ont permis de réduire massivement la dette privée de la Grèce tout en lui assurant un financement public de long terme. Un non grec provoquerait la sortie de ce pays de la zone euro et enclencherait une crise systémique frappant tout le sud de l’europe.

C’est dans ce contexte qu’il faut bien mesurer les effets du choc violent annoncé par le programme du nouveau président français. M. Hollande s’est engagé à relever les impôts de 44,5 milliards afin de financer une hausse des dépenses publiques de 20 milliards d’euros et de réduire apparemment le déficit de 22,5 milliards d’euros. Par ailleurs, il a annoncé l’annulation de la mesure de TVA sociale de février 2012 qui doit réduire les cotisations sociales des entreprises de 13 milliards d’euros.

Or, personne n’a commenté le contenu du plan fiscal annoncé. La hausse de 44,5 milliards d’euros se décompose en une hausse de 32,7 milliards d’euros des impôts frappant les entreprises et de 11,8 milliards des impôts sur les ménages les plus riches. Tout semble enfin rentrer dans l’ordre. Les entreprises, qui apparemment regorgent de profits, et les riches vont enfin être punis tandis que ce vaste programme est censé bénéficier aux plus pauvres abandonnés par une République injuste.

C’est donc en pleine justice et pour servir les pauvres que les entreprises travaillant sur le territoire français vont être soumises au choc fiscal le plus violent qu’elles aient eu à subir depuis la Seconde Guerre mondiale : 32,7 milliards de hausses d’impôts et 13 milliards d’euros de hausses de cotisations sociales, soit 45,7 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires ou 2,25 % du PIB. Mais il est plus précis de comparer cette somme à la valeur ajoutée de l’ensemble des entreprises, soit 1 230 milliards d’euros en 2011, et à leur excédent brut d’exploitation, soit 317 milliards d’euros en 2011. Le choc fiscal atteint 3,7 % de la valeur ajoutée des entreprises et surtout 14,4 % de leur excédent brut.

En

2011, les entreprises ont dû massivement s’endetter pour financer leurs investissements (à hauteur de 65 milliards d’euros pour les sociétés non financières). Au second semestre 2012 et en 2013, elles vont devoir réduire leurs investissements pour faire face à un énorme choc fiscal qui remettra en cause de nombreux projets et conduira beaucoup d’entreprises à ne pas remplacer les salariés partant à la retraite. Le phénomène de non-remplacement des salariés partant à la retraite sera d’autant plus spectaculaire que le retour de la retraite à 60 ans va accélérer les départs. Dans un contexte de croissance économique européenne atone en 2012-2013, la forte ponction sur les entreprises pourrait entraîner une destruction d’emplois productifs comprise entre 200 000 et 300 000 emplois. Les premières victimes de ce choc fiscal seront les travailleurs en général et les travailleurs pauvres en particulier.

Comment en est-on arrivé à proposer un projet économique aussi suicidaire ?

C’est que toutes les prémisses de ce projet sont fausses ! La France a le budget de protection sociale non pas le plus faible mais le plus élevé de la planète avec un budget social de 32 points de PIB contre 25 points de PIB pour la moyenne des budgets sociaux des autres pays de la zone euro et 17 points de PIB pour la moyenne de L’OCDE. Qui plus est, ce budget a augmenté sous Sarkozy en sorte qu’il a été, dans les faits, le « président des pauvres » le plus généreux de l’après-guerre ! té depuis dix ans, ils l’ont fait deux fois moins que dans les autres pays développés. Surtout, les dix pour cent de ménages les plus pauvres ont vu leurs revenus augmenter plus fortement en France que dans tout autre pays développé au cours de cette période. Tout ceci est cohérent avec l’ampleur inégalée de la redistribution sociale.

La France ne doit pas relancer la consommation mais la production, comme en témoigne son énorme déficit commercial ! En frappant des entreprises exsangues, on prépare une Berezina de la production nationale ! Qui plus est, le déficit public ne baissera pas mais augmentera ! C’est la consommation qu’il faut taxer et la production qu’il faut détaxer !

 

Les entreprises françaises ne sont pas riches mais exsangues ! Quand on retire les 120 premières entreprises françaises des plus de trois millions d’entreprises opérant sur notre territoire, ces dernières ont des taux de marge sur chiffre d’affaires et de rendement sur capitaux investis moitié plus faible qu’en Allemagne ! Les classes politique et médiatique sont aveuglées par les profits que le CAC 40 réalise hors de France !

Si les revenus des ménages appartenant au 1 % supérieur des revenus ont augmenté faits publics incontestables et parfaitement connus des organisations internationales traduit le niveau affligeant du leadership politique et économique de la France.

Mais ce sont le peuple et les « pauvres » qui pourraient regretter le plus amèrement les choix annoncés et pour lesquels ils ont voté sans les comprendre ! * Membre du Conseil d’analyse économique, auteur de « L’incohérence française », Grasset (janvier 2012) et du « Joker européen », Odile Jacob (mai 2012).

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Published by voxpop - dans Politique

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