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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 08:45
  • 25 mars 2013
  • Le Figaro
  • Bernard Edelman* et Monette Vacquin*

Le philosophe et la psychanalyste* se demandent si l’individualisme tout-puissant et le déni de la loi de la nature sont un progrès pour la civilisation.

Années 1970 : comment faire l’amour

 

sans faire des enfants.

 

Années 1980 : comment faire des enfants

 

sans faire l’amour.

 

Aujourd’hui : comment faire des enfants

 

sans être de sexe différent

 

 

La question du mariage gay est mal posée : il ne s’agit pas de savoir si l’on est pour ou contre, il s’agit de savoir de quoi il est le symptôme. Faute de le penser en ces termes, on court le risque de s’enliser dans de vaines disputes éthiques alors que l’on se trouve devant l’un des nombreux signes d’une véritable mutation qui concerne la notion même de personne. Si depuis l’origine d’Homo sapiens l’homme n’a cessé de changer d’identité, de modifier sa socialité, il faut reconnaître qu’aujourd’hui ces modifications se sont accélérées de manière exponentielle. S’il fallait le dire d’un mot, grâce aux révolutions biologiques notamment, l’homme acquiert les moyens de se modifier jusqu’où il le désire, autant qu’il le désire, et de réaliser sa démesure.

Si l’on voulait donner un exemple « juridique » de cette démesure, on pourrait se référer à ce « nouvel homme des droits de l’homme » que construit jour après jour la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), en s’appuyant sur un concept fondateur : « l’autonomie personnelle ». Par là, elle entend la faculté pour tout individu de mener sa vie comme il l’entend, c’est-à-dire d’être son propre législateur.

On imagine aisément le succès d’une telle proposition qui vient résonner sur les couches les plus archaïques de notre vie psychique. Pour le dire avec les mots de Freud, plus aucun principe de réalité ne vient borner le principe de plaisir. Il semble bien aujourd’hui que ce dogme triomphe dans tous les domaines. Le mariage homosexuel est le franchissement d’un nouveau seuil dont la portée symbolique est considérable : il est malhonnête de le penser sans le contextualiser, sans tenir compte des dimensions si éclairantes de l’histoire et de l’inconscient. Car que se passe-t-il dans le monde occidental, en matière de sexualité et de filiation, de sorte qu’une chatte n’y retrouverait pas ses petits ? Années 1970 : comment faire l’amour sans faire des enfants. Années 1980 : comment faire des enfants sans faire l’amour. Aujourd’hui : comment faire des enfants sans être de sexe différent.

Nous sommes exposés à l’absurdité suivante : nous allons être 9 milliards de personnes, la pauvreté ne cesse de s’accroître, une grossesse pour autrui coûte 80 000 euros, un gouvernement de gauche s’apprête à ouvrir la procréation médicale assistée (PMA) à des couples non stériles qui, s’ils désirent des enfants, peuvent les faire ! Ce que bien des homosexuels ont fait dans l’histoire, sans demander la permission à quiconque ni en faire un objet de revendication ! Idéologie, quand tu nous tiens !

Ce n’est pas ce que prétend être le mariage homosexuel qui fait problème, mais ce avec quoi il rompt. En nommant mariage ce qui ne l’a jamais été, nulle part, les tenants de cette proposition font coup double : rupture avec tout ce qui précède, et rupture avec la loi de la nature, qui fait que seuls un homme et une femme peuvent engendrer. Après « du passé faisons table rase », « adieu les parents » serait-il le nouveau slogan, enthousiasmant, de notre génération ? Non pas les parents réels, bien sûr… une représentation aussi vague que persécutante de la contrainte ! Que tout ceci se fasse au nom de l’amour parental est un tour de force en matière de défi. Dans cette affirmation de ne rien recevoir, et de ne rien devoir au passé, se reconnaît cette volonté d’autoengendrement qui fait le sujet technoconsommateur d’aujourd’hui. Reste à savoir ce qui sera transmis de ce « style », de cette façon de penser. Toute la question est là : comment allons nous penser demain, au moyen de quelles représentations, dans quel langage ? La promotion et la généralisation de la toute-puissance individuelle assortie de celle du déni sont-ils vraiment un progrès pour la civilisation ? Doit-on refuser un individualisme tout-puissant ou l’accepter comme un progrès ? Toutes les questions qu’on se pose aujourd’hui sur la mutation que subit notre identité supposent d’interroger notre démesure, le risque qu’elle nous fait courir de nous entraîner dans la tragédie, le fatum, comme disaient les anciens. Devons-nous accepter d’être les victimes de nous-mêmes ou trouver les moyens d’y échapper ? Les tribunaux français à cet égard ont inventé un contre-feu : la dignité. Porterait atteinte à l’intégrité même de l’humanité tout ce qui pourrait la mettre en danger, notamment l’individualisme tout-puissant.

C’est dans ce contexte que le Parlement devrait s’emparer de ce débat. Sans céder à des contorsions stratégico-politiques qui le rapprocheraient de cet extravagant article du Code civil québécois qui dispose que « lorsque les parents sont tous les deux de sexe féminin, les droits et obligations que la loi attribue au père, lorsque ceux-ci diffèrent de ceux de la mère, sont attribués à celle des deux mères qui n’a pas donné naissance à l’enfant » . Ou encore nomme le père « pourvoyeur de forces génétiques ». Des générations grandiront dans ces mots, qui seront-elles ? * Respectivement auteur de «Ni chose ni personne», Hermann, et de «Main basse sur les vivants», Fayard.

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Published by voxpop - dans La France en résistance

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