Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 17:19

 

Les Italiens ont adressé, dans la confusion qui fait leur charme, un coup de semonce au monde politique. Le nouveau paysage électoral, né des législatives de ce week-end, rend le pays ingouvernable pour la coalition de gauche de Pier Luigi Bersani. Cependant, des lectures sans ambiguïté peuvent être faites des résultats : la victoire du comique et blogueur Beppe Grillo est celle de sa « révolution civique » contre une démocratie confisquée ; la renaissance de Silvio Berlusconi, évincé en 2011 sous la pression des eurocrates, marque la défiance dans le fonctionnement de l’Union européenne ; la déroute de Mario Monti annonce un divorce avec la zone euro. Ces messages sont aussi des avertissements aux élites françaises. Elles doivent les intégrer, si elles ne veulent pas être balayées au profit d’alternatives incertaines ou démagogiques.

Arnaud Montebourg ne décrit pas tout quand il explique : « Les Italiens ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord avec la politique imposée par les marchés. » Certes, le bonnet d’âne dont Monti a été coiffé est une réplique au mépris du bon élève de Bruxelles pour la vie des gens. Mais la caste politique italienne est plus généralement étrillée par la survenue du Mouvement 5 étoiles (M5S) de Grillo, devenu le premier parti au Parlement et la troisième force derrière les coalitions de la droite et de la gauche. Avec plus du quart des suffrages, cette formation conforte l’électorat silencieux, structuré par Internet, dans sa nouvelle force politique. Dans le laboratoire démocratique qu’est l’Italie, la société civile inaugure son rôle de cinquième pouvoir. L’erreur serait de considérer ses messages, parfois loufoques (semaine de travail de 20 heures), comme forcément irrecevables.

Le scénario italien est le symptôme d’une crise de confiance qui n’épargne pas la France. Les fausses promesses et les effets de manches de Montebourg sont d’ailleurs de ces pratiques devenues insupportables aux citoyens en attente de résultats. D’autant qu’elles font florès avec François Hollande, qui dénonçait chez Nicolas Sarkozy « la présidence de la parole » . « Il faut arrêter les bobards » , lui a lancé, mardi, Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), alors que le président laisse entendre qu’il ne pourra tenir son double engagement d’infléchir le chômage à la fin de l’année et de respecter la trêve fiscale pour 2014. Pierre Moscovici n’est pas plus crédible quand il promet, cette fois, de réduire les déficits à 3 %… dans un an. La gauche agit comme si elle prenait les Français pour des imbéciles.

Jamais la société française n’a été aussi violente ; jamais l’école n’a été dans un tel état d’abandon ; jamais la politique n’a été si discréditée. Et pourtant, le gouvernement déboussolé persiste à répondre à côté de la plaque. Christiane Taubira, ministre de la Justice, fait le procès de la prison et veut croire aux peines alternatives, tandis qu’un multirécidiviste, bénéficiaire de cet angélisme (qui ne lui a infligé qu’un moins de prison au total), vient de tuer deux policiers parisiens dans leur voiture. Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, relance les sempiternelles disputes sur les rythmes scolaires et les vacances, alors que l’illettrisme, l’ensauvagement, l’obscurantisme défigurent l’École de la République. L’Américain Maurice Taylor, patron des pneus Titan, a beau jeu de dire ses vérités à la France et de s’étonner de cet État qui marche sur la tête. Où sont les idées neuves ? Insurrection civique

Le gouvernement français manie de la dynamite quand il persiste à vouloir faire les poches des contribuables en 2014. La rigueur que rejettent les peuples est celle qui s’en prend prioritairement à leurs revenus et à leur niveau de vie, avant même de s’attaquer au gras des États-providence et de leurs dépenses à crédit. Les députés PS ont eu raison de mettre en garde, mardi, contre une nouvelle « embardée fiscale » . « Il doit y avoir des économies. C’est là-dessus que les efforts principaux doivent porter » , expliquent-ils. Mais ces efforts devraient exclusivement aller à l’allégement des coûts du fonctionnement public. L’insurrection civique qui fait ses premiers pas en Italie, tournant le dos aux médias au profit des réseaux sociaux, n’est pas celle d’un peuple irresponsable, incapable de prendre la mesure des crises et des réponses à y apporter. Elle témoigne d’abord du refus des citoyens d’avoir à payer davantage pour les erreurs et les faiblesses de leurs dirigeants ou des responsables d’une Europe boutiquière et sans âme.

Ce qui se déroule en Italie est un bouleversement de la politique, sommée de se réformer. François Fillon a raison de craindre pour la France une « conflagration civile » tant la tension y est vive. Mais il ferait bien de faire connaître ses propositions nouvelles, comme s’y emploie ces jours-ci Xavier Bertrand. Georges Pompidou prévoyait la révolution, une fois dépassé le seuil des 500 000 chômeurs. Si l’ancien président s’est trompé, l’addition d’un chômage toujours plus important, d’une fiscalité toujours plus lourde, d’une culture toujours plus malmenée, d’une démocratie toujours plus bancale crée une société d’indignés qui déborde des seuls combats idéologiques que menait Stéphane Hessel, mort mercredi. Le rejet par le Conseil économique, social et environnemental de la pétition contre le mariage homosexuel, soutenue par 700 000 signataires, conforte ceux qui estiment être dépossédés de leur destin et se heurter à des murs. Si Frigide Barjot n’est pas Grillo, l’égérie des antimariage gay est le produit d’une même révolte qu’il va falloir entendre. Son appel à manifester le 24 mars, à Paris, a toutes les raisons d’être compris par tous les exaspérés. L’Union européenne, perdante

Le redire : il ne s’agit pas de suivre aveuglément les foucades d’une société protestataire soudainement enivrée de son pouvoir. Mais il revient aux dirigeants de lâcher leurs certitudes afin d’écouter un bon sens qui leur fait trop souvent défaut. Ceci est particulièrement vrai pour l’Union européenne, qui est la grande perdante des élections italiennes : un comble pour ce pays longtemps europhile. Cette Europe technocratique, bien pensante et oublieuse de son propre passé (1) doit comprendre, et vite, la nécessité de se rapprocher des citoyens qui s’éloignent à tire-d’aile. Sinon, le tsunami des peuples en colère balaiera ce monstre froid, incapable de les entendre, de leur parler, de les protéger. Le réveil italien annonce une révolution. La France doit s’y préparer. (1) « L’Identité de l’Europe », sous la direction de Chantal Delsol et JeanFrançois Mattei (PUF). blog.lefigaro.fr/rioufol

Partager cet article
Repost0
Published by voxpop

Bienvenue

  • : Le blog de voxpop
  • : Immigration en France : Etat des lieux, réflexion et charte de vote. La France en résistance
  • Contact

CHOISIR 

LA  FRANCE

 

RESISTANCE !

Capture-d-ecran--316-.png 

J'ai plus envie de me croire à Kaboul dans ma ville,

J'ai plus envie de l'incivisme, plus envie de la médiocrité comme religion, plus envie du manque d'ambition comme profession de foi.

J'ai plus envie de relativiser. >>>>