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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 23:04
  • 14 févr. 2013
  • Le Figaro
  • Christian Saint-Etienne
L’économiste* explique comment la France s’est isolée depuis quelques mois au sein d’une Europe dominée par le couple germanobritannique.

La France apparaît aujourd’hui comme le maillon faible en Europe sur le double plan économique et industriel. Notre taux de chômage est une fois et demie celui de l’allemagne

François Hollande vient d’essuyer trois échecs successifs dans sa politique européenne qui sont très commentés à l’étranger et suscitent l’indifférence en France. Il avait fait campagne en ridiculisant le couple Merkozy et en promettant de renégocier le traité du 2 mars 2012 mettant en oeuvre un pacte de discipline budgétaire qui instaure une règle d’or budgétaire et des procédures de discipline au sein de l’Union (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’union économique et monétaire, TSCG). Les vingt-cinq signataires, mais notamment pas le Royaume-Uni, se sont engagés à maintenir le déficit public structurel à moins de 0,5 % du PIB avec un mécanisme automatique de correction.

Hollande avait également annoncé, outre la renégociation de ce traité, qu’il se faisait fort d’obtenir un plan de relance massif de l’économie européenne. Dès le sommet européen des 28-29 juin 2012, la France annonçait, tête basse, qu’elle ratifierait le traité sur la règle d’or, ce qu’elle fit à l’automne 2012. Les Européens acceptaient, en juin 2012, d’offrir une feuille de vigne à François Hollande, pour lui permettre d’annoncer son retournement, sous la forme d’un plan de relance apparent de 120 milliards d’euros qui s’est révélé deux fois « bidon ». D’abord ce plan était quasiment vide, en cumulant 60 milliards d’euros de prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI) qui ne seront déboursés au mieux que sur plusieurs années, 55 milliards d’euros de crédits structurels redéployés et 5 milliards de project bonds, seule nouveauté de l’affaire. Ensuite, l’encre de cet accord était à peine sèche que le budget européen 2014-2020, décidé le 8 février 2013, a réduit l’enveloppe de prêts structurels à 325 milliards d’euros sur cette période contre 355 milliards d’euros sur la période précédente (2007-2013). On est passé à (–) 30 milliards d’euros en faveur de la croissance contre (+) 55 milliards de crédits structurels sans ciller.

En outre, François Hollande avait promis solennellement une union bancaire fonctionnant au 1er janvier 2013. Il y a bien eu un accord le 13 décembre 2012 sur une supervision bancaire des grandes banques de la zone euro confiée à la Banque centrale européenne à partir de mars 2014, mais point d’union bancaire. En effet, l’Allemagne et ses alliés ont rejeté jusqu’ici la mise en place d’un véritable mécanisme européen de résolution directe des faillites bancaires et d’un fonds européen de garantie des dépôts qui seraient les éléments clés d’une telle union.

Enfin, François Hollande avait souhaité que le sommet européen des 7-8 février 2013 augmente le budget européen pour envoyer un signal de relance. Il a été décidé, à l’instigation du Royaume-Uni, pays non signataire du TSCG et ayant annoncé une éventuelle sortie de l’Union européenne, que le budget européen passerait de 994 milliards d’euros sur la période 2007-2013 à 960 milliards d’euros sur la période 2014-2020. Surtout, est apparu un front germanobritannique guidant l’Europe qui a ridiculisé les démonstrations d’amitié de l’Allemagne envers le France lors de la commémoration du traité de l’Élysée en janvier 2013.

On passe sur le veto allemand à la fusion BAE-EADS, en octobre 2012, souhaité par le gouvernement français et sur le refus allemand d’aider la France dans son intervention au Mali en janvier 2013 autrement que du bout des lèvres. De plus, comme vient de le noter la Cour des comptes, la France aura du mal à réduire son déficit à 3 % du PIB en 2013. depuis quatre ans comme seule porte de sortie de la dépression européenne, est-elle fausse ? Évidemment non ! Mais ce que François Hollande ne dit pas, c’est que pour créer les conditions de la réussite de cette idée, il faut d’abord réussir la réforme de la France !

La France apparaît aujourd’hui comme le maillon faible en Europe sur le double plan économique et industriel. Notre taux de chômage est une fois et demi celui de l’Allemagne. L’excédent extérieur allemand est au triple de notre déficit ! La valeur ajoutée de l’industrie française, qui a chuté de plus de 30 % en douze ans, atteint 40 % de celle de l’Allemagne en valeur. Plus de mille usines ont fermé en France en quatre ans.

Trois échecs cinglants. La réalité est cruelle. François Hollande apparaît comme totalement isolé dans une Europe dominée par un étrange couple germano-britannique. Il est, selon la presse étrangère, le représentant d’une vieille tradition de tax and spend quand les autres pays de l’Union ont résolument tourné le dos à cette approche. On est donc passé de Merkozy à Merkeron avec Hollande à l’écart.

Pour autant l’idée défendue par Hollande dans son discours du 5 février devant le Parlement européen d’un gouvernement économique et d’un budget européen, que je soutiens ardemment Et le rythme du déclin s’accélère depuis l’automne dernier. Le gouvernement a répondu par un crédit d’impôt compétitivité qui montera en puissance en 2014-2015 alors qu’il a fortement alourdi la charge fiscale et sociale des entreprises depuis juin 2012.

La France s’enfonce, malgré l’intelligence et le courage des Français, et son crédit européen est nul. Il est temps de changer de stratégie et de discours.

 *Titulaire de la chaire d’économie industrielle au conservatoire national des arts et métiers. Auteur de « France. État d’urgence » aux Éditions Odile Jacob.

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Published by voxpop - dans La France en résistance

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