- 26 févr. 2013
- Le Figaro
- par Paul-Henri du Limbert
Attention, journée historique ! Un responsable politique de premier plan a expliqué hier qu’il fallait « faire davantage d’efforts sur les dépenses et ne pas rajouter de nouveaux prélèvements » . A-t-il sa carte à l’UMP ? Est-ce un filloniste ou un copéiste ? Non, il est au Parti socialiste, et c’en est même le chef ! Loué soit donc Harlem Désir, à qui il faudra peut-être un jour ériger une statue ! Les plus avertis des solférinologues n’ont pas souvenir en effet d’un premier secrétaire parti ainsi en guerre contre la surfiscalité. De longue date, le credo socialiste tient l’impôt pour admirable puisqu’il finance des dépenses prétendument indispensables. On sait où cet état d’esprit a mené le pays depuis trente-cinq ans. Quelle métamorphose est à l’oeuvre dans les esprits socialistes pour qu’ils changent ainsi de langage ? Prennent-ils soudainement conscience que la politique engagée depuis le mois de mai, qui préfère la hausse d’impôts à la baisse des dépenses, conduit le pays dans une impasse ? Ne seraient-ils pas en train de comprendre qu’à trop augmenter les impôts (33 milliards) et à prétendre toujours qu’on pourrait les augmenter encore, on décourage l’initiative, on tue la consommation, et donc l’activité, et l’on contribue ainsi à la hausse du chômage ? La Cour des comptes leur a rappelé il y a quelques jours que « les changements de comportements induits par la hausse des prélèvements peuvent réduire le rendement de ces prélèvements » . Bref, trop d’impôts tue la croissance et trop d’impôts tue donc l’impôt. Vieille vérité que les socialistes découvrent en 2013. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Le constat de Désir doit devenir une réalité. Au PS, donc, de traquer les dépenses, à lui d’encourager le gouvernement sur cette voie, voire à le brusquer si sa main tremble. Les socialistes doivent être impitoyables avec eux-mêmes, et tant pis si cette disposition d’esprit est psychologiquement malcommode. Ils aimaient l’impôt pour l’impôt comme certains aimaient l’art pour l’art ; la crise les oblige à changer de religion. Qu’ils se rassurent, les contribuables leur pardonneront aisément cette apostasie.
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